dimanche 24 janvier 2010

Marcher en janvier à Paris

Un dimanche grisâtre à Paris
réveil post soirée du samedi
je prends enfin le temps d'un bon petit déj, mon thé chaud, mes tartines
ce rituel paradisiaque zappé 6 jours sur 7 au profit de la course vers le métro et du petit-déj debout au travail
et puis je commence à ne rien faire,
regarder des séries débiles,
facebooker

alors je décide de partir marcher, vers elle

objet de mon périple

la grande dame de fer
je suis bien couverte, il fait un tout ptit frais mais pas trop
et je marche
Paris est belle,
je passe devant la rue Jean Giraudoux, petit souvenir
des heures passées à chercher comment tourner les phrases du mémoire
des heures passées à nager dans la folie de Chaillot
des heures passées à rêver aux mises en scène de 45, à se demander si on est de la bonne époque



je continue à arpenter les rues pavées
au Champ de Mars, la pénombre commence
il y a partout des touristes qui se donnent la main et se prennent en photo
des vendeurs à la sauvette
non, jveux pas de toureiffelminiature

un petit garçon qui se promène avec ses parents
"oh c'est la même que Vanille" - il parle de son chien, je suppose
sa mère "non, Vanille est plus grosse, mais de la même couleur"
"oui, la même couleur que elle"
le père "on ne dit pas que elle, on dit "qu'elle" "
le fils "qu'elle elle est de la même couleur"

je souris,
joie du dimanche dans la pénombre fraiche d'une fin de balade



vendredi 22 janvier 2010

Les mains dans la frangipane toute la journée
Je vois des fonds de quiche, je vois des sablés, je vois des galettes
ça tourne

je lance une crème d'amandes
puis une autre
et une autre

je garnis, je place mes fèves, je dore, je raye
et je recommence

Le four à pain me manque, la pâte si souple de la tradition

et je me demande pourquoi est-ce que j'aime ce métier
malgré ... malgré l'incessante indélicatesse, la vulgarité, la violence verbale, malgré l'irrespect, le rustrisme, les fautes de français
malgré le manque de culture aussi

on me reproche de parler beaucoup de boulangerie
mais ça me tracasse
je voudrais avoir les idées claires sur ma future entreprise
je voudrais lancer mes produits, mes viennoiseries, mes pains aromatiques, mon levain
je voudrais me lancer !!! j'ai si hâte
alors ça tourne beaucoup dans ma tête

et quand je revois des gens "normaux"
je change de monde
c'est agréable
peut-être que Marie-Christine la boulangère n'a pas (complètement) effacé Marie-Christine la jeune fille

et pourtant
pourtant j'aime retourner au fournil
saisir la pelle du four
et entendre chanter la croûte du pain.

Masochisme.

samedi 9 janvier 2010

Back to clown

Avec la nouvelle année est revenu le nez rouge
la liberté du nez rouge
le bonheur du nez rouge





et la magie du jeudi soir a recommencé
le temps d'oublier ce que l'on est pour n'être plus qu'un esprit fou dans un corps fou
le pain rangé dans sa panière, les croissants sur leurs étals. Ne reste que l'état clownesque

quel plaisir de remettre le nez, de refaire le check-up d'avant la scène
de sentir tout son corps simplement présent. sans neurones qui le guident. Juste le corps qui est là et qui s'oublie
quel plaisir de venir chuchoter au public des mots cueillis au hasard de l'ici et maintenant
des mots de tous les jours sublimés et devenus des poèmes
des mots de clowns

oui le plaisir du jeudi soir est de retour
ces quelques heures où je ne suis plus l'apprentie boulangère, où il n'y a plus d'ordres, plus de reproches, plus de baguettes trop cuites ou de croissants mal roulés
ces quelques heures où personne ne me demande de comptes, où personne ne me juge
où il n'y a que la bienveillante attention d'un public prêt à sourire
ces quelques heures de bonheur
instants volés de félicité

vendredi 1 janvier 2010

Les fêtes

Les fêtes ...

Tout le monde est en vacances, tout le monde fait du shopping, les marchés de Noël embaument le vin chaud
Guirlandes dans les rues, guirlandes dans les coeurs.

Et puis il y a les boulangers.
Les boulanger, entre excitation en angoisse. Les fêtes... ou LE chiffre d'affaires de l'année.
Le jour où vous n'avez jamais pétri autant de seigle, le jour où les papiers de commande envahissent les murs du labo, le jour où il faut courir douze heures de suite, le jour où le four n'est jamais vide.
Le jour où les clients font la queue 50m derrière la boutique, le jour où on lance 3 pétrins de tradition de plus, le jour où les panières à peine remplies sont déjà vide et le répit tant espéré encore décalé.
C'est le jour où tout bouge, où rien ne s'arrête.

Le jour où l'on veut son lit, où il vaut mieux ne pas penser aux camarades endormis,
mais c'est aussi une bouffée d'excitation, l'impression de faire partie d'une grande aventure où chacun est utile, où chacun est nécessaire. Le jour où le client DOIT repartir content avec son seigle son seigle son seigle
(le client mange trop d'huitres, vous dites vous)

Le jour où on bosse des dizaines d'heures sans même s'en rendre compte,
où on rentre chez soi complètement lessivé

c'est le 24.
Puis la semaine est folle.
(bon, là où je travaille, c'est particulier : les QUATRE boulangeries voisines sont fermées!!!)
Tous les jours c'est comme des samedis.
Pfouh.

Et là, on l'ignore, le pire arrive.
Le 31.
La mort.
Vous vous dites que le quartier s'est concerté.
vous ne comprenez pas pourquoi les gens ne font pas leur pain chez eux (bin oui ?)
puis vous regrettez aussitôt cette pensée

vous rêvez un court instant au jour où vous serez chef d'entreprise
vous imaginez ces journées du 24 et du 31 où le tiroir caisse n'a même pas le temps de se fermer entre deux clients.
et là vous vous dites que les fêtes, c'est bien, quand même.

Instants de douces illusions.

Puis votre patron vous réveille.
Ce n'est pas fini.
Les galettes.
Vous pétez les plombs.