mardi 22 octobre 2013

Des tirades de théâtre et des miettes de pain



C’est le 22 octobre, je suis toujours sans emploi, mes journées s’enchaînent sans être toujours remplies. Elles perdent le sens que je pensais leur donner, alors je les remplis de prières, comme des petites perles semées le long d’un chemin où les gens marchent plus vite que moi. Je retrouve dans les pages de mon ordinateur des textes écrits à 17 ans, j’y réalise combien la colocation avec Nicolas me marquait, par ses petites taquinades et notre relation complice. Je retrouve des tas de choses qui se sont entassées dans la mémoire vive (ou non) de mon écran en couleurs. Les mots remplissent et débordent partout. Je ne cessais d’écrire. Tout est consigné, dans un joyeux désordre, des paragraphes par ci, par là. 

Des lettres écrites, pas toujours envoyées. 

Je retrouve une Marie fraîche et joyeuse, émerveillée de l’arc en ciel d’un jeudi saint, désespérée l’année de l’hypokhâgne. Je me retrouve et me redensifie. 

Puis je ferme tous les documents, je retourne visiter mes fonds de commerce et passer à la vie qu’on ne rêve plus, la vie des grands où les études de marché et business plan ont pris le pas des arc en ciel de mon adolescence !


Suis-je donc une trouillarde de la vie ou une joyeuse de la vie ? Je sais faire du pain, de quoi ai-je peur avant de me lancer ? 
Eh bien moi je crois qu’il y a une petite voix en moi, peut-être un peu lâche, mais qui est la voix sensible. Celle qui me dit que oui, aujourd’hui, je sais faire du pain mais je ne sais pas faire une famille. Et que si je veux réussir à faire les deux un jour, il faudra apprendre à faire du pain en douceur et pas du pain comme une brute, il faudra réussir à dessiner un projet porteur de sens, dans lequel tout ait une place. Ou le déséquilibre sera constant.




Et en ce moment les gens que je rencontre sont des boulangers qui ont fait la place à leur corde sensible aussi, à leurs passions, et ce n’est qu’ainsi d’ailleurs que leur pain est bon. Ils le font en sachant qu’autre chose existe, ils refusent d’être dévorés, et leurs yeux brillent.



Alors peut-être que dans cette boulangerie qui va naître, il y aura la place aux mots, ces mots enfouis, perdus, dans lesquels j’aime me lover, il y aura Beethoven et Supervielle. Des mélodies et des livres, des tirades de théâtre pleines de miettes de pain. Des cheveux bouclés en fouillis, et ce n’est qu’ainsi que je pourrai mettre plein de sourire et de joie dans mes pâtes. 

Et alors je serai une boulangère joyeuse de la vie.



mardi 8 octobre 2013

et ça avance...



« Alors ton projet, ça avance ? »
Cette question me glace les sangs.
Ou plutôt non, cette question me glaçait les sangs. Parce qu’aujourd’hui je peux dire que OUI, mon projet avance.

Nous sommes le 8 octobre, soit exactement un mois après la fin de mon contrat. Tout est arrivé en un mois. La vie m’est revenue, comme une grande claque, qui m’a fait tendre la joue gauche, puis la droite, puis la gauche à nouveau jusqu’à m’en étourdir.



Je n’écouterai pas tous ceux qui me disent de passer un an à « me construire » avant de me lancer à corps perdu dans un projet chronophage. Je tâcherai plutôt de réussir à faire du pain et à garder en moi le flamme de la vie. Que signifie « se construire » avant ? Est-ce que cela veut dire qu’une fois que l’on est construit on peut s’enterrer dans sa boulangerie ? Mais est ce qu’un panneau signalétique nous dira « ça y’est mon enfant, tu es construit, ouvre ta boulangerie » ?

Alors mon projet avance, à petits pas, mais il est loin de reculer !

Faire du pain reste une joie.

ULTREIA !